Les erreurs stratégiques fatales de Félix Tshisekedi face à la Chine, le Katika (croupier) qui ne perd jamais

(Leçon de guerre économique et d'intelligence stratégique n° 1529 de Jean-Paul Pougala publiée le 16/03/2024 à lire sur www.pougala.net)

Dans la rubrique : ce que j'écrivais il y a un an...(anticipant l'actualité d'aujourd'hui) (Leçon re-publiée le 31/01/2025)

Ils sont rares les Congolais (démocratiques) qui savent que lorsque le président Paul Kagame signe avec le Royaume Uni pour recevoir les migrants clandestins sur son sol, en réalité, ces clandestins sont destinés à être installés à l'Est de la République Démocratique du Congo, dans un jeu de rôle où la puissance Occidentale a décidé la déstabilisation du pays, pour empêcher que la puissance Russo-Chinoise se saisisse de la RDC, comme morceau du puzzle de leur nouvel ordre mondial.

Le Président congolais Félix Tshisekedi ne comprend pas qu'au Congo, l'Occident a déjà fait son choix : le Rwanda !

Et que sa seule chance, pour éviter que son pays, le Congo soit très prochainement divisé en 10 micro-États n'est pas de continuer à rester une périphérie du monde des alliances, mais de faire partie intégrante de l'alliance opposée à celle créée par les Etats-Unis et le Royaume Uni et qui intègre déjà le Rwanda.

Ainsi, à cause de son incapacité de se projeter dans ce jeu des alliances, et très mal conseillé par les cabinets d'expertise occidentaux, le président congolais multiplie les erreurs.

Au lieu de faire de son pays, un état pivot, incontournable dans le jeu des alliances stratégiques des deux blocs qui s'opposent en ce moment, il a fait le choix de faire le jeu des ennemis du Congo, en se privant du rôle que son prédécesseur, le président Kabila, avait cherché à octroyer à son pays.

Résultat des cours, lorsque le président congolais rencontre à Pékin son homologue chinois Xi Jinping le 24 août 2023, le thème de leur rencontre est :

« Rééquilibrage de l'accord conclu en 2008 entre la société minière nationale congolaise Gécamines et le Groupement d'entreprises chinoises (GEC) ».

En d'autres mots, Félix Tshisekedi dit à Xi Jinping plus ou moins ceci :

"Ton prédécesseur, le Président Hu Jintao a trompé mon prédécesseur, le Président Joseph Kabila en 2008. Et je veux le rééquilibrage de cet accord de 2008. Je vois que depuis 2008, votre société a gagné 10 milliards de dollars grâce aux mines congolaises alors que le gouvernement du Congo n'a gagné que 822 millions de dollars."

Tshisekedi ajoute : Dans Sicohydro, la société qui exploite la centrale hydroélectrique de Busanga, le gouvernement chinois a 75% des parts alors que le Congo n'a que 10%. Je veux que mes parts du Congo soient désormais de 40%

Et que lui répond Xi Jinping ?

"Mon cher Tshisekedi, je te présente toutes mes excuses, tout sera corrigé, afin que le Congo ait plus de parts."

Et Avant-hier jeudi 14 mars 2024, c'est fait : un communiqué de la présidence congolaise nous annonce que la justice a été rendue, désormais le Congo devient maître de son destin.

Le Congo pourra désormais vendre 23% des minéraux extraits par les Chinois, au plus offrant sur le marché international.

Le problème est qu'on n'a pas pris le temps pour expliquer aux chefs d'états africains qu'on ne s'enrichit pas en puisant dans le sous-sol, encore moins en transformant ce qui sort du sous-sol, mais en développant une dynamique industrielle qui l'accompagne.

Quand le Brésil confie à la Chine les 100% de ses centrales hydro-électriques, c'est bien parce qu'il a compris que là où un état gagne l'argent, ce n'est pas sur la centrale hydro-électrique, mais sur ce que le propriétaire de la Centrale installera comme industrie lourde, énergivore pour rendre rentable sa centrale et surtout offrir au pays un coût de l'énergie le moins cher possible pour accompagner la compétitivité des entreprises industrielles qui vont naître.

En d'autres mots, le plus important n'est pas la centrale hydroélectrique, qui ne constitue que le 1 à 2% des investissements nécessaires à la création d'un vrai complexe d'industrie lourde et pour y arriver, il faut créer un climat de confiance chez celui qui met son argent.

Ce n'est pas une bonne manière d'inciter quelqu'un à investir les 99% qui manquent en lui disant qu'il vous a trompés il y a 16 ans sur le 1%.

Les Chinois le savent, déjà, mais certainement pas les Congolais, désormais, à cause de son erreur stratégique, Félix Tshisekedi a condamné Sicohydro à une faillite future certaine, parce que cette société n'aura plus jamais les 99% d'investissements chinois pour la rendre rentable sur le long terme.

Pour le prix des minéraux, le Congo peut même avoir les 100% de ses minéraux à vendre au plus offrant, mais vous ne pouvez pas faire le choix de la loterie et lorsque les jeux sont faits et que les écrans vont afficher les chiffres 0000, revenir en arrière pour dire qu'on s'est trompé.

A qui les Congolais vont-ils vendre les minéraux extraits par les Chinois, si l'essentiel des usines de transformation se trouve en Chine ?

Le président congolais aurait dû demander l'aide de la France qui, est mieux placée pour savoir qu'à cause des jeux de guerre économique éclatée par la Chine, ses minerais de Nickel en Nouvelle Calédonie, n'arrivent pas à être rentables, créant un problème social qui risque de déboucher sur l'indépendance de la colonie.

Aucun pays du monde ne peut utiliser l'arme des matières premières pour faire plier la Chine. Elle a réussi à obtenir la faillite de la quasi-totalité des entreprises métallurgiques en Europe en mettant sur le marché 600 millions de tonnes d'acier de trop chaque année.

Ce qui a fait s’écrouler le prix de l'acier et rendu moins rentables toutes les usines européennes.