Qu’est-ce que « Marcher sur la tête » ? Selon un dictionnaire français, c’est :
Agir de façon irraisonnée, à l’encontre du bon sens.

Depuis un mois les panneaux de la plupart des communes françaises sont à l'envers.
Des manifestations se multiplient pour dénoncer une problématique nationale qui mobilise les agriculteurs.

Qui sont les auteurs ?
Il s’agit d’un mouvement conjoint des Jeunes Agriculteurs (JA), syndicat agricole majoritaire et de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), qui ont revendiqué cette action.
Partout, les panneaux n’ont pas été dégradés. Ils ont simplement été « dévissés et installés dans le mauvais sens »


Pourquoi cette action ?
Cette opération nationale intitulée « On marche sur la tête », vise à dénoncer les nouvelles règles imposées à la profession des agriculteurs. « Nous ne pouvons plus faire face à l’augmentation des taxes et des charges dans tous les domaines », ont expliqué les syndicats agricoles dans un communiqué. Ils dénoncent les normes européennes trop nombreuses et la politique du gouvernement qui « facilite les importations alimentaires », à défaut d’encourager « la pleine production d’une agriculture française ».

L’appel des syndicats agricoles s’est propagé et plusieurs mobilisations ont lieu à travers le territoire français, pour exprimer le ras-le-bol des agriculteurs bien au-delà du Sud-Ouest où tout a démarré.
Symbole de cette mobilisation, le slogan « On marche sur la tête » repris dans les manifestations, se répand dans les régions et départements.
Ainsi, de nombreuses communes ont vu leurs panneaux d’entrée de ville retournés dans le sens inverse, des actions revendiquées par les syndicats d’agriculteurs pour symboliser leur désarroi, dénoncer les normes et les contraintes qui leur sont imposées, et sensibiliser l’opinion publique, faire remonter les revendications.

« ils nous empoisonnent...on préfère les circuits court local et bio … nous préférons les jardins partagés mis en place par nos mairies...Non au légumes espagnols ...»
Également en cause, un profond désaccord sur la taxation du gazole agricole (GNR), mais aussi des retards de paiement des aides européennes, des normes européennes pointées du doigt.

"Nous ne pouvons plus faire face à l’augmentation des taxes et des charges dans tous les domaines".
Les agriculteurs dénoncent avant tout les normes européennes jugées trop nombreuses, et la politique gouvernementale qui "facilite les importations alimentaires", au lieu d’encourager "la pleine production d’une agriculture française".

"La ferme France n’en peut plus des injonctions contradictoires, des décisions court-termistes ou basées sur une idéologie qui ne prend même pas la peine d’en référer à la science, ni même à la réalité de notre modèle agricole…" expliquent également les JA et la FNSEA.


Tarn et Garonne (82)
Aujourd’hui encore, 29 novembre 2023, les agriculteurs ont déversé  des tonnes de déchets devant la sous- préfecture de Castelsarrasin dans le Tarn-et-Garonne. Interrogé par CHANGEMENT CITOYEN (dont il n’est pas membre), Ludovic Del Marco, jeune agriculteur local, explique que le malaise s’est tout d’abord concrétisé par la  fermeture intempestive de l’abattoir Castelsarrasin. Malgré les diverses pistes de reprise proposées, l’État a refusé de suivre.
Puis la liquidation rapide et incomprise de la salle de découpe à l’entrée de Montauban pour sauver l’abattoir de Montauban qui aurait permis de faire plus de volume et sauver des emplois
Refus de l’État d’intervenir positivement, aggravant ainsi les difficultés du secteur.
Ajoutez à cela le ras de bol général dû aux augmentations redevances, taxes OGM, taxes carbone.

Sa proposition de jeune agriculteur en activité sur le terrain relève du simple bon sens :
Revenir sur la production locale en protégeant les producteurs locaux.
Comprendre la nécessité de payer le travail à sa juste valeur.

Et si l’État continue dans la sourde oreille et les esquives, pour vraiment faire bouger les choses, explorer tous les moyens de coercition en tapant vraiment sur l’économie : en bloquant les ports et les aéroports  puisque les denrées responsables du marasme empruntent les transports maritimes et aériens.

Pour l’anecdote, des JA très taquins, ont mis en vente leur Département en vente sur le Bon Coin pour 1 euro symbolique.

Claire AYMES, Présidente CHANGEMENT CITOYEN