LEÇONS A RETENIR POUR LE SECTEUR MINIER AFRICAIN ET CONCLUSION
Il faut arrêter de faire croire au peuple que l'Afrique est riche en ressources minières qui permettraient au continent de devenir riche sans faire beaucoup d'effort.
L'exploration a un coût financier que nous ne pouvons pas toujours payer. Et même quand on a trouvé, on est conditionné par les rebondissements des prix volatils du marché.
Pire, après on a souvent de nombreux pays qui investissent en même temps pour trouver les mêmes minerais ou leurs substituts.
Les prix des minerais ne sont élevés que dans des périodes courtes, parce que si le marché demande quelque chose, les recherches vont s'accentuer pour trouver d'autres gisements et à défaut, des alternatives plus disponibles en quantité.
Le 8 février 2024, Ugo Lapointe journaliste dans le quotidien canadien LE DEVOIR, créé en 1910 suggère un autre motif à la dégringolade du prix du lithium, que les autorités africaines sous-estiment très souvent, lorsqu'elles croient que l'exploitation minière va résoudre le problème de misère du pays.
Il donne l'exemple des Etats-Unis et le Canada dont les réserves de lithium qui ne sont que le 1% mondial, sont suffisantes pour alimenter les voitures électriques pendant des centaines d'années.
Il écrit :
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« Les États-Unis et le Canada représentent environ 1 % de la production mondiale (du lithium) avec 7 % des réserves. Ces réserves pourraient fournir environ 200 millions de véhicules électriques, soit près de 200 fois le nombre de véhicules électriques vendus dans ces deux pays en 2022. »
Il ajoute que le marché minier est un marché par définition, cyclique et donc qu'il est conseillé. de ne pas y asseoir ses espoirs démesurés de développement. Il écrit :
« Le lithium n'est pas à l'abri des emballements-effondrements (boom and bust) cycliques du secteur minier ni des passifs sociaux et environnementaux qui l'accompagnent trop souvent. À terme, une majorité de projets risquent de ne jamais voir le jour, de fermer prématurément ou de faire faillite. »
Il est lapidaire sur l'avenir du lithium avec ces mots :
« S'il est vrai que la demande en lithium explose, on oublie trop souvent de préciser que l'offre explose elle aussi. Selon les données de l'Agence géologique américaine, la production mondiale de lithium (130 000 tonnes) a connu un lien impressionnant de 58 % entre 2020 et 2022.
Avec de nouvelles découvertes chaque année, les ressources mondiales de lithium (98 millions de tonnes ) ont pratiquement triplé depuis 2010. Ces quantités seraient suffisantes pour approvisionner le marché du lithium pendant 954 ans au taux de production actuel.
Quant aux réserves qui sont davantage près du seuil de production, elles atteignaient 26 millions de tonnes en 2022. Il s'agit d'un volume suffisant pour fournir 2,6 milliards de véhicules électriques, soit près du double du quelque 1,4 milliard. de véhicules à essence actuellement en circulation sur la planète. À cela s'ajoute le recyclage du lithium, qui pourrait accroître considérablement sa disponibilité sur les marchés à moyen terme : jusqu'à 30 % de la demande, selon certaines études. »
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Source : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/806830/idees-mines-batteries-lithium-est-pas-risque-economique
CONCLUSION
Avant le Congo Démocratique, c'est le Cameroun qui a commis la même erreur stratégique, en refusant de faire partie de la puissance globale, pour se relayer à la périphérie des enjeux.
Lorsque la Chine a accepté de financer la construction d'un port en eau profonde au Cameroun, le port de Kribi, sa rentabilité n'était liée qu'à la capacité qu'on aurait ensuite de faire installer des entreprises de transformation de l' industrie lourde et des hydrocarbures. Mais en faisant confiance aux bureaux d'études en Occident qui expliquent sans cesse aux Africains que la Chine les trompe, les Camerounais ont renoncé à des grands groupes chinois comme Cosco, pour gérer son port pour le confier au français Bolloré.
Pour la partie camerounaise, il ne s'agit que de l'exercice de sa liberté de choisir avec qui on va, dans les activités de souveraineté du Cameroun.
Mais cette partie camerounaise ne se demande jamais pourquoi, ce plus offrant qu'est la France, n’a jamais voulu créer un port à Kribi, pour ne pas se pénaliser elle-même au Cotonou ou au Lomé voisins où elle était en situation de monopole.
Si le port de Kribi existe, ce n'est certainement pas en compétition avec les ports de Tanger au Maroc mais de Walvis Bay en Namibie, contre le port de Lomé et celui de Cotonou. Parce que si un porte-conteneur est stationné à Kribi, ce ne sera certainement pas pour s'arrêter ensuite à Lomé ou à Cotonou.
Il s'agit donc avant tout d'une question de guerre économique et non de choix de partenaires sur la base sentimentale.
Or en 2019, le port namibien est passé de 350.000 EVP, comme le port de Kribi, à 750.000 EVP avec la cible des pays d'Afrique australe et centrale.
En sélectionnant Bolloré au lieu de Cosco, par exemple, le Cameroun a fait le choix de condamner le port de Kribi à renoncer à devenir un port régional de classe mondiale comme son plus proche voisin de Walvis Bay, pour rester nain et gérer les mêmes affaires secondaires, de transbordements venant des grands ports, exactement comme Douala gérait déjà avant et puis c'est tout.
Les Camerounais ont renoncé à faire partie du jeu de puissance, pour rester une simple périphérie. Et c'est la même voie de garage que sont en train d'emprunter les Congolais de Kinshasa.
On ne peut pas espérer combattre le M23 au Congo en allant flirter avec Washington qui a déjà choisi son allié, le Rwanda.
On ne peut pas aller vers la Russie pour demander des bases militaires, comme si on allait choisir une voiture sur un catalogue, ce qui équivaut à espérer inutilement que cette Russie va payer les frais de notre mariage avec l'Occident.
Quand on se montre intraitable avec la Chine, alors qu'au même moment on est prêt à aller s'agenouiller à Washington et n'avoir jamais le courage du soutien américain aux rebelles congolais, on est certain que jamais la Chine, ne fera du Congo un pivot, un point central de sa stratégie mondiale de puissance.
Le Cameroun a renoncé à être ce pivot en Afrique centrale, en échange de rien d'autre.
Le Congo renonce à faire partie du jeu de puissance, lui aussi, en échange de rien.
On retourne ensuite dans la misère qu'on a toujours connue, à écouter les balivernes de Radio France Internationale déversées en Modulation de Fréquence sur les capitales africaines, nous racontant le succès de Félix Tshisekedi face à la Chine, d'avoir rééquilibré le partenariat.
Une vraie diversion, portant les congolais à oublier de fait que l'ennemi du Congo, ce n'est pas Xi Jinping, mais Kagame, ce n'est pas la Chine, mais le Rwanda.
Et après la Chine, est-ce que le Congo, espère rééquilibrer tous ses autres contrats avec la France, avec la Belgique, avec les Etats-Unis ou bien ce n'était que la Chine ?
Avec cela, Radio France Internationale suggère à tous les pays africains de faire de même et de rééquilibrer tous les contrats miniers confidentiels avec les entreprises françaises, ou bien, c'est juste la Chine qui était la méchante ?
Après un tel re-équilibrage des accords avec la Chine, a-t-on besoin d'avoir pris des cours de Géostratégie ou d'Intelligence Stratégique, pour anticiper, tel un magicien, la carte des sites où se dérouleront les prochains conflits armés en Afrique ?
Et surtout des sécessions à venir en Afrique changeant complètement la carte géographique des pays telle que nous la connaissons aujourd'hui ?
Jean-Paul Pougala
Samedi le 16 mars 2024
(Leçon re-publiée le 31/01/2025)
N.B: Désormais, rester inculte et ignorant des notions d'intelligence économique et stratégique, est votre choix personnel.
LEÇONS A RETENIR POUR LE SECTEUR MINIER AFRICAIN ET CONCLUSION
Il faut arrêter de faire croire au peuple que l'Afrique est riche en ressources minières qui permettraient au continent de devenir riche sans faire beaucoup d'effort.
L'exploration a un coût financier que nous ne pouvons pas toujours payer. Et même quand on a trouvé, on est conditionné par les rebondissements des prix volatils du marché.
Pire, après on a souvent de nombreux pays qui investissent en même temps pour trouver les mêmes minerais ou leurs substituts.
Les prix des minerais ne sont élevés que dans des périodes courtes, parce que si le marché demande quelque chose, les recherches vont s'accentuer pour trouver d'autres gisements et à défaut, des alternatives plus disponibles en quantité.
Le 8 février 2024, Ugo Lapointe journaliste dans le quotidien canadien LE DEVOIR, créé en 1910 suggère un autre motif à la dégringolade du prix du lithium, que les autorités africaines sous-estiment très souvent, lorsqu'elles croient que l'exploitation minière va résoudre le problème de misère du pays.
Il donne l'exemple des Etats-Unis et le Canada dont les réserves de lithium qui ne sont que le 1% mondial, sont suffisantes pour alimenter les voitures électriques pendant des centaines d'années.
Il écrit :
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« Les États-Unis et le Canada représentent environ 1 % de la production mondiale (du lithium) avec 7 % des réserves. Ces réserves pourraient fournir environ 200 millions de véhicules électriques, soit près de 200 fois le nombre de véhicules électriques vendus dans ces deux pays en 2022. »
Il ajoute que le marché minier est un marché par définition, cyclique et donc qu'il est conseillé. de ne pas y asseoir ses espoirs démesurés de développement. Il écrit :
« Le lithium n'est pas à l'abri des emballements-effondrements (boom and bust) cycliques du secteur minier ni des passifs sociaux et environnementaux qui l'accompagnent trop souvent. À terme, une majorité de projets risquent de ne jamais voir le jour, de fermer prématurément ou de faire faillite. »
Il est lapidaire sur l'avenir du lithium avec ces mots :
« S'il est vrai que la demande en lithium explose, on oublie trop souvent de préciser que l'offre explose elle aussi. Selon les données de l'Agence géologique américaine, la production mondiale de lithium (130 000 tonnes) a connu un lien impressionnant de 58 % entre 2020 et 2022.
Avec de nouvelles découvertes chaque année, les ressources mondiales de lithium (98 millions de tonnes ) ont pratiquement triplé depuis 2010. Ces quantités seraient suffisantes pour approvisionner le marché du lithium pendant 954 ans au taux de production actuel.
Quant aux réserves qui sont davantage près du seuil de production, elles atteignaient 26 millions de tonnes en 2022. Il s'agit d'un volume suffisant pour fournir 2,6 milliards de véhicules électriques, soit près du double du quelque 1,4 milliard. de véhicules à essence actuellement en circulation sur la planète. À cela s'ajoute le recyclage du lithium, qui pourrait accroître considérablement sa disponibilité sur les marchés à moyen terme : jusqu'à 30 % de la demande, selon certaines études. »
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Source : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/806830/idees-mines-batteries-lithium-est-pas-risque-economique
CONCLUSION
Avant le Congo Démocratique, c'est le Cameroun qui a commis la même erreur stratégique, en refusant de faire partie de la puissance globale, pour se relayer à la périphérie des enjeux.
Lorsque la Chine a accepté de financer la construction d'un port en eau profonde au Cameroun, le port de Kribi, sa rentabilité n'était liée qu'à la capacité qu'on aurait ensuite de faire installer des entreprises de transformation de l' industrie lourde et des hydrocarbures. Mais en faisant confiance aux bureaux d'études en Occident qui expliquent sans cesse aux Africains que la Chine les trompe, les Camerounais ont renoncé à des grands groupes chinois comme Cosco, pour gérer son port pour le confier au français Bolloré.
Pour la partie camerounaise, il ne s'agit que de l'exercice de sa liberté de choisir avec qui on va, dans les activités de souveraineté du Cameroun.
Mais cette partie camerounaise ne se demande jamais pourquoi, ce plus offrant qu'est la France, n’a jamais voulu créer un port à Kribi, pour ne pas se pénaliser elle-même au Cotonou ou au Lomé voisins où elle était en situation de monopole.
Si le port de Kribi existe, ce n'est certainement pas en compétition avec les ports de Tanger au Maroc mais de Walvis Bay en Namibie, contre le port de Lomé et celui de Cotonou. Parce que si un porte-conteneur est stationné à Kribi, ce ne sera certainement pas pour s'arrêter ensuite à Lomé ou à Cotonou.
Il s'agit donc avant tout d'une question de guerre économique et non de choix de partenaires sur la base sentimentale.
Or en 2019, le port namibien est passé de 350.000 EVP, comme le port de Kribi, à 750.000 EVP avec la cible des pays d'Afrique australe et centrale.
En sélectionnant Bolloré au lieu de Cosco, par exemple, le Cameroun a fait le choix de condamner le port de Kribi à renoncer à devenir un port régional de classe mondiale comme son plus proche voisin de Walvis Bay, pour rester nain et gérer les mêmes affaires secondaires, de transbordements venant des grands ports, exactement comme Douala gérait déjà avant et puis c'est tout.
Les Camerounais ont renoncé à faire partie du jeu de puissance, pour rester une simple périphérie. Et c'est la même voie de garage que sont en train d'emprunter les Congolais de Kinshasa.
On ne peut pas espérer combattre le M23 au Congo en allant flirter avec Washington qui a déjà choisi son allié, le Rwanda.
On ne peut pas aller vers la Russie pour demander des bases militaires, comme si on allait choisir une voiture sur un catalogue, ce qui équivaut à espérer inutilement que cette Russie va payer les frais de notre mariage avec l'Occident.
Quand on se montre intraitable avec la Chine, alors qu'au même moment on est prêt à aller s'agenouiller à Washington et n'avoir jamais le courage du soutien américain aux rebelles congolais, on est certain que jamais la Chine, ne fera du Congo un pivot, un point central de sa stratégie mondiale de puissance.
Le Cameroun a renoncé à être ce pivot en Afrique centrale, en échange de rien d'autre.
Le Congo renonce à faire partie du jeu de puissance, lui aussi, en échange de rien.
On retourne ensuite dans la misère qu'on a toujours connue, à écouter les balivernes de Radio France Internationale déversées en Modulation de Fréquence sur les capitales africaines, nous racontant le succès de Félix Tshisekedi face à la Chine, d'avoir rééquilibré le partenariat.
Une vraie diversion, portant les congolais à oublier de fait que l'ennemi du Congo, ce n'est pas Xi Jinping, mais Kagame, ce n'est pas la Chine, mais le Rwanda.
Et après la Chine, est-ce que le Congo, espère rééquilibrer tous ses autres contrats avec la France, avec la Belgique, avec les Etats-Unis ou bien ce n'était que la Chine ?
Avec cela, Radio France Internationale suggère à tous les pays africains de faire de même et de rééquilibrer tous les contrats miniers confidentiels avec les entreprises françaises, ou bien, c'est juste la Chine qui était la méchante ?
Après un tel re-équilibrage des accords avec la Chine, a-t-on besoin d'avoir pris des cours de Géostratégie ou d'Intelligence Stratégique, pour anticiper, tel un magicien, la carte des sites où se dérouleront les prochains conflits armés en Afrique ?
Et surtout des sécessions à venir en Afrique changeant complètement la carte géographique des pays telle que nous la connaissons aujourd'hui ?
Jean-Paul Pougala
Samedi le 16 mars 2024
(Leçon re-publiée le 31/01/2025)
N.B: Désormais, rester inculte et ignorant des notions d'intelligence économique et stratégique, est votre choix personnel.